dimanche 11 novembre 2007

Un « nouvel élan » pour les relations franco-américaines ?

Le voyage de Nicolas Sarkozy aux États-Unis, qui s'est conclu le 7 novembre dernier, a été l'occasion pour le Président d'afficher l'amitié franco-américaine. Et le message a été bien reçu par les parlementaires américains, qui lui ont fait un accueil chaleureux au Congrès. S'il s'agit de refuser ce que l'anti-américanisme peut avoir de primaire et de chauvin, on ne peut que s'en réjouir ; mais la question se pose de l'interprétation délicate de l'attitude d'alliés critiques que le Président cherche à définir. Alors concrètement, y a-t-il un infléchissement de la politique étrangère française à l'égard des États-Unis? On peut consulter ici une intéressante discussion à ce sujet entre Justin Vaïsse et Pierre Haski.

S. C.

La réforme du système de recherche ne doit pas être dictée par des motivations idéologiques

La politique de l'enseignement supérieure et de la recherche du gouvernement est très discutée. Alors que certains étudiants bloquent des universités, le récent Prix Nobel de physique, Albert Fert, revient, dans un entretien au journal Le Monde, sur les orientations de Nicolas Sarkozy et de sa ministre. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il est assez critique.

B. B.

« Ensemble, tout devient possible », enfin seulement si c'est possible

Le Grenelle de l’environnement qui s’est achevé récemment était censé marquer le début de la « Révolution verte » en France. Il faudrait pourtant plutôt parler de « devoir de rattrapage » que de révolution, la France n’étant pas particulièrement à l’avant-garde écologique, en tout cas au niveau européen. Mais Nicolas Sarkozy a tenu à faire de ce nouveau « Grenelle » (tiens ? je croyais qu’il fallait « liquider » l’héritage de mai 68…) une réussite, au moins du point de vue médiatique. Cela a été réussi, puisqu’il a pu compter sur le soutien à la fois du récent Prix Nobel de la paix, Al Gore, et du Président de la Commission européenne (qui a cependant bien rappelé que c’était l’Union européenne qui était en pointe dans ce domaine, et non pas la France). Quoi qu’il en soit, il se peut bien qu’encore une fois ce soit beaucoup de bruit pour rien, ou pour pas grand-chose. Face au déluge de mesures annoncées, soyons précis (je renvoie au discours exact de Nicolas Sarkozy, disponible en suivant ce lien, ainsi qu’à l’analyse du site Arrêt sur images.)

  • La « taxe carbone » préconisée par Nicolas Hulot ? Nicolas Sarkozy a seulement parlé de se pencher sur « la création d’une taxe climat-énergie en contrepartie d’un allégement de la taxation du travail ».
  • La réduction des pesticides de moitié en 10 ans ? C’est effectivement acté par Nicolas Sarkozy, mais seulement « si possible dans les dix ans qui viennent ».
  • On a repris et vu dans la phrase de Nicolas Sarkozy, « je ne veux pas créer de nouveaux sites nucléaires », sa volonté de réduire la part du nucléaire. Ce qu’on ne dit pas, c’est que les nombreux sites nucléaires existant actuellement peuvent sans problème recevoir de nouveaux réacteurs.
  • Priorité au recyclage et plus de nouveaux incinérateurs ? Sauf s’il s’agit de l’«ultime recours».
  • Taxe sur les poids lourds étrangers qui traversent la France ? Oui, mais seulement pour ceux qui prennent le « réseau routier non concédé » (conclusions de la table ronde sur la « mobilité et transports »), c’est-à-dire à l’exclusion des autoroutes.
  • Fin des projets autoroutiers ? Oui, sauf en cas d’«intérêt local » (même table ronde).

Bref, sans vouloir réduire le « Grenelle de l’environnement » à cela, il est urgent de constater que la « Révolution verte » n’a pas vraiment eu lieu et que le chemin est encore long. Avec Nicolas Sarkozy, tout est possible, oui, mais seulement si c’est possible.


F. R. B.

Éduquer léger

On sait que Nicolas Sarkozy tient beaucoup à l’éducation des petits Français (voir l’article « Le premier éducateur de France ») et il vient encore de le prouver par l’intermédiaire de son Ministre de l’Education, Xavier Darcos : celui-ci a déclaré qu’il voulait alléger le poids des cartables en réduisant le poids des manuels scolaires. « Le poids va devenir un critère de sélection » (Le Figaro du 25/10, repris dans Le Canard enchaîné du 31/10) et le Ministre va « mettre en concurrence » les éditeurs sur cette base. On se demande comment, avec des manuels réduits, Nicolas Sarkozy va pouvoir mettre en œuvre sa « philosophie » éducative et notamment l’objectif qu’il se fixait dans sa Lettre aux éducateurs de « donner le maximum à chacun au lieu de se contenter de donner le minimum à tous » (p. 25).

F. R. B.

Interceptions

Le Canard enchaîné rapporte, dans son édition du 31/10, un fait étrange et inquiétant. Le préfet de l’Isère a convoqué, vendredi 26 octobre, un médecin, délégué de l’Association des médecins urgentistes (un syndicat), et lui a reproché ses échanges de mail avec Patrick Pelloux (le président de son Association) sous prétexte que ceux-ci critiquaient la politique de santé du gouvernement. Double atteinte aux libertés individuelles : interception de correspondance privée et intimidation menaçant la liberté d’expression. On peut se demander si ce Préfet fait du zèle ou s’il ne fait qu’appliquer des directives.

F. R. B.