dimanche 23 décembre 2007

Quel avenir pour la Caisse des Dépôts?

Une réforme d'apparence très technique est en train d'avoir lieu : elle concerne la Caisse des dépôts. Loin d'être une simple modification administrative, il s'agit de toucher à l'un des organismes principaux du financement des logements sociaux. Allez jeter un coup d'oeil sur cet article du Monde

P.S. : les craintes semblent se vérifier. Voir cet article. Voir aussi la tribune de Michel Delebarre.

B. B.

Kadhafi et Sarkozy

Nous ne reviendrons pas sur les raisons qu'il peut y avoir de recevoir un dictateur en France. Aussi triste que cela puisse paraître, elles existent, car les relations internationales sont loin d'être un domaine où la morale règne. En revanche, nous attendrions d'un responsable politique qu'il assume ses choix et les explique, au lieu de se faire élire en professant le contraire de ce qu'il fera par la suite. On se souvient du discours et des propositions du Sarkozy candidat : « Président de la République, je ne me tairai pas devant ces insultes aux droits de l'homme. Je ne passerai jamais sous silence les atteintes aux droits de l'homme au nom de nos intérêts économiques » (proposition du programme de Nicolas Sarkozy, reprise notamment lors du discours au Zénith du 18 mars 2007 ; voir aussi cet article)

Le Sarkozy président a bien changé. La rupture, sans doute, qui lui fait féliciter Poutine pour une victoire de son parti aux élections ou recevoir Kadhafi en grande pompe, mais en toute discrétion sur les droits de l'homme. On aimerait qu'enfin quelqu'un assume clairement et s'attache à expliquer, avant d'être élu, ce qu'il fera réellement, de bon cÅ“ur ou non, une fois élu.

F. R. B.

Sur l'atlantisme de Nicolas Sarkozy

Prenez le temps de lire une tribune bien argumentée, montrant en quoi les projets de réintégration complète de l'OTAN, qui semblent ceux de Nicolas Sarkozy, loin de renforcer la France risqueraient de la fragiliser.

B. B.

Sur les félicitations inavouables à Vladimir Poutine

Sur les félicitations inavouables à Vladimir Poutine

Pour une fois que Nicolas Sarkozy fait mieux que George W. Bush, pourquoi le cacher ?

B. B.

Sarkozy, l'homme qui perdait un milliard

Jeudi 29 novembre, interview TF1-France 2 de Nicolas Sarkozy. Celui-ci annonce la vente de 3% des actions d'EDF détenues par l'Etat en vue de financer un plan d'investissement dans les Universités, pour calmer les manifestations contre la loi LRU (voir le lien vers ce passage). Problème : le Ministère de l'Economie n'a pas été prévenu de cette idée présidentielle et n'est pas prêt à procéder à la vente dès le lendemain, vendredi. Celle-ci ne pourra avoir lieu que le lundi suivant, mais entre temps l'action EDF a perdu 3% (4,7 milliards d'euros) puisqu'une partie des actionnaires ont vendu cher, dans l'attente de racheter moins cher le lundi suivant, lorsqu'il y aurait plus d'actions sur le marché grâce à l'Etat. Résultat final, la vente de ces 45 millions d'actions de l'Etat (2,47 % au lieu des 3% espérés, puisque ces actions n'ont pu trouvé preneur aussi facilement que si l'effet de surprise avait été réussi) a rapporté 3,7 milliards, au lieu des 5 milliards attendus (voir Le Canard enchaîné du 5 décembre et aussi cet article). Nicolas Sarkozy s'est précipité, semble-t-il, dans sa soif d'annoncer un coup d'éclat de plus ? C'est un coup dans l'eau qui fait perdre beaucoup d'argent à l'Etat, qui s'en serait bien passé. Par ailleurs, la vente d'actions d'EDF qui peut sembler alléchante à court terme, à condition qu'on évite ce genre de bourdes médiatiques, n'est qu'une fausse solution. En réduisant ses parts dans EDF, l'Etat réduit aussi ses dividendes futurs en tant qu'actionnaire et vu le succès boursier d'EDF, le calcul n'est sans doute pas très judicieux!

F. R. B.

Où il est question de pluralisme d'information et de culture

Est-ce que le Figaro, désormais dirigé par étienne Mougeotte (l'ancien responsable de TF1) pourra toujours publier des papiers comme celui du 22 novembre 2007 ? Il y était question d'un décret, voté à l'unanimité des deux chambres en mars 2007 (avant l'arrivée au pouvoir de Sarkozy), qui devait garantir que les chaînes de télévision consacrent 85% de leurs investissements dans la production française à des oeuvres patrimoniales (fiction, documentaire, animation, spectacle vivant). Ce décret n'a pas été signé par Christine Albanel, la ministre de la Culture et de la Communication. Il faut voir que, selon les informations de L'Humanité cette fois-ci, du même jour, deux notes banquières (Société générale et Goldmann & Sachs) indiquent qu'en ne publiant pas ce genre de décret, notamment, les cours de bourse de TF1 pourraient encore augmenter... Je vous renvoie plus globalement, sur le projet de réforme audiovisuel, à un article du Canard Enchaîné du 21 novembre 2007. On y reviendra.



B. B.

dimanche 2 décembre 2007

Les illusions d'optique du classement des Universités

Christophe Charle est un historien reconnu. C'est aussi un intellectuel engagé. Il montre ce qu'ont d'absurdes les politiques de l'enseignement supérieur fondées, notamment sur le fameux « classement de Shanghaï ».

B. B.

De l'indépendance du quatrième pouvoir

La presse perd petit à petit des bastions de claire indépendance vis-à-vis des industriels et de Nicolas Sarkozy. L'affaire récente des Échos est tout simplement assez triste. Un article récent du Monde sur sa nouvelle direction, et sur l'implication supposée du président de la République.

Une démocratie vit de ses contre-pouvoirs. Heureusement, certains journaux, en particulier sur Internet, résistent. Je vous renvoie aussi à cet article, plus précis, de Rue89 (envoyé par Michael).

B. B.

Présider plus pour gagner combien en plus ?

Vous savez sans doute que le salaire du président de la République a fortement augmenté. Les raisons de cette augmentation seraient à discuter, sans doute. Mais, surtout, je défie quiconque de dire le chiffre exact de l'augmentation ! Pour une enquête très précise là-dessus, je vous renvoie à un article du site Arrêt sur images. Vous pourrez y trouver également une étude sur le triplement du budget de l'Élysée.

B. B.

Nicolas Sarkozy accusé par le rapporteur spécial de l'ONU sur le racisme

Les médias français ont beaucoup parlé du récent voyage de Sarkozy aux États-Unis, souvent pour mettre en relief l’accueil chaleureux dont il avait fait l’objet de la part du Président George Bush et du Congrès américain. Il aurait pourtant été intéressant de se pencher d’un peu plus près sur un évènement bien moins relayé et pourtant assez marquant : la condamnation du « discours de Dakar » prononcé par Nicolas Sarkozy le 26 juillet dernier à l’Université Cheikh Anta Diop. Cette condamnation n’était pas le fait d’un énergumène isolé qui aurait mal compris le discours sarkozyen : elle émanait d’une instance officielle très concernée par le sujet, puisque c’est le rapporteurs spécial de l’ONU sur le racisme, Doudou Diène (son titre exact étant « Rapporteur spécial de l’ONU sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée »), qui a dénoncé le « discours de Dakar », le prenant comme exemple d’une tendance globale à la « légitimation intellectuelle du racisme ». Il a par ailleurs critiqué l’utilisation des tests ADN pour le regroupement familial ce qui, pour lui, participe de la « stigmatisation de l’immigré ».

Nous renvoyons au « discours de Dakar » de Nicolas Sarkozy, rédigé par Henri Guaino, et aux articles en ligne sur sa condamnation à l’ONU sur le site de Rue 89 et du Monde ).

Voilà un exemple de plus du penchant généralisé des médias français à reléguer à l’arrière-plan des informations blessantes pour notre Président et son discours officiel.


F. R. B.

Justice de sûreté contre justice de responsabilité

L’ancien ministre de la Justice socialiste, Robert Badinter, dénonce dans une tribune du Monde le projet de loi gouvernemental en préparation qui vise à introduire dans notre droit pénal la « rétention de sûreté » (« La prison après la peine », Le Monde, 27 novembre 2007). Le condamné, une fois sa peine purgée, pourrait ainsi être « retenu », c'est-à-dire placé dans un « centre sociomédico-judiciaire de sûreté » pour une année renouvelable autant de fois que nécessaire. La décision sera prise par une commission de magistrats, s’appuyant sur des rapports d’experts psychiatriques, si elle considère que le détenu présente une « particulière dangerosité » pour la société. Visant à lutter contre la récidive, cette mesure, si elle est votée, représenterait une rupture radicale dans la conception et l’application de la justice en France. Le lien entre infraction et peine, sur lequel repose notre système pénal, disparaît puisque l’auteur d’un crime peut se voir retenu en prison même après avoir accompli sa peine. Cette nouvelle condamnation à la détention ne se fait alors plus sur la base d’une infraction, mais sur le seul fondement de rapports d’experts quant à l’éventualité virtuelle qu’il commette à nouveau des crimes. Ce n’est donc plus un juge indépendant qui juge des faits, ce sont des psychiatres qui analysent une personnalité, avec toutes les incertitudes que cela peut impliquer. C’est donc la fin de la responsabilité pénale, du jugement sur des faits et de la présomption d’innocence, comme le rappelle Robert Badinter. Un détenu aura beau tout faire pour se racheter et réussir sa réinsertion, il sera soumis en dernier recours, même après avoir « payé », aux hypothèses médicales sur son comportement virtuel. La rupture prônée par Nicolas Sarkozy, qui pense, rappelons-le, que la pédophilie et la criminalité sont des données innées chez les personnes (voir par exemple ses propos selon lesquels « on naît pédophile », ), est en marche, qu’on le veuille ou non, et ses conséquences s’annoncent particulièrement graves.

F. R. B.

L'autocensure sur le voyage de Sarkozy en Chine : côté chinois, et côté français

Le chantre des droits de l'homme Nicolas Sarkozy est aussi un réaliste : voir l'article du site Arrêt sur images. Qui se fiche de Taïwan et du Tibet ? Parfois l'argent prime sur tout. Toujours ?

B. B.

dimanche 11 novembre 2007

Un « nouvel élan » pour les relations franco-américaines ?

Le voyage de Nicolas Sarkozy aux États-Unis, qui s'est conclu le 7 novembre dernier, a été l'occasion pour le Président d'afficher l'amitié franco-américaine. Et le message a été bien reçu par les parlementaires américains, qui lui ont fait un accueil chaleureux au Congrès. S'il s'agit de refuser ce que l'anti-américanisme peut avoir de primaire et de chauvin, on ne peut que s'en réjouir ; mais la question se pose de l'interprétation délicate de l'attitude d'alliés critiques que le Président cherche à définir. Alors concrètement, y a-t-il un infléchissement de la politique étrangère française à l'égard des États-Unis? On peut consulter ici une intéressante discussion à ce sujet entre Justin Vaïsse et Pierre Haski.

S. C.

La réforme du système de recherche ne doit pas être dictée par des motivations idéologiques

La politique de l'enseignement supérieure et de la recherche du gouvernement est très discutée. Alors que certains étudiants bloquent des universités, le récent Prix Nobel de physique, Albert Fert, revient, dans un entretien au journal Le Monde, sur les orientations de Nicolas Sarkozy et de sa ministre. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il est assez critique.

B. B.

« Ensemble, tout devient possible », enfin seulement si c'est possible

Le Grenelle de l’environnement qui s’est achevé récemment était censé marquer le début de la « Révolution verte » en France. Il faudrait pourtant plutôt parler de « devoir de rattrapage » que de révolution, la France n’étant pas particulièrement à l’avant-garde écologique, en tout cas au niveau européen. Mais Nicolas Sarkozy a tenu à faire de ce nouveau « Grenelle » (tiens ? je croyais qu’il fallait « liquider » l’héritage de mai 68…) une réussite, au moins du point de vue médiatique. Cela a été réussi, puisqu’il a pu compter sur le soutien à la fois du récent Prix Nobel de la paix, Al Gore, et du Président de la Commission européenne (qui a cependant bien rappelé que c’était l’Union européenne qui était en pointe dans ce domaine, et non pas la France). Quoi qu’il en soit, il se peut bien qu’encore une fois ce soit beaucoup de bruit pour rien, ou pour pas grand-chose. Face au déluge de mesures annoncées, soyons précis (je renvoie au discours exact de Nicolas Sarkozy, disponible en suivant ce lien, ainsi qu’à l’analyse du site Arrêt sur images.)

  • La « taxe carbone » préconisée par Nicolas Hulot ? Nicolas Sarkozy a seulement parlé de se pencher sur « la création d’une taxe climat-énergie en contrepartie d’un allégement de la taxation du travail ».
  • La réduction des pesticides de moitié en 10 ans ? C’est effectivement acté par Nicolas Sarkozy, mais seulement « si possible dans les dix ans qui viennent ».
  • On a repris et vu dans la phrase de Nicolas Sarkozy, « je ne veux pas créer de nouveaux sites nucléaires », sa volonté de réduire la part du nucléaire. Ce qu’on ne dit pas, c’est que les nombreux sites nucléaires existant actuellement peuvent sans problème recevoir de nouveaux réacteurs.
  • Priorité au recyclage et plus de nouveaux incinérateurs ? Sauf s’il s’agit de l’«ultime recours».
  • Taxe sur les poids lourds étrangers qui traversent la France ? Oui, mais seulement pour ceux qui prennent le « réseau routier non concédé » (conclusions de la table ronde sur la « mobilité et transports »), c’est-à-dire à l’exclusion des autoroutes.
  • Fin des projets autoroutiers ? Oui, sauf en cas d’«intérêt local » (même table ronde).

Bref, sans vouloir réduire le « Grenelle de l’environnement » à cela, il est urgent de constater que la « Révolution verte » n’a pas vraiment eu lieu et que le chemin est encore long. Avec Nicolas Sarkozy, tout est possible, oui, mais seulement si c’est possible.


F. R. B.

Éduquer léger

On sait que Nicolas Sarkozy tient beaucoup à l’éducation des petits Français (voir l’article « Le premier éducateur de France ») et il vient encore de le prouver par l’intermédiaire de son Ministre de l’Education, Xavier Darcos : celui-ci a déclaré qu’il voulait alléger le poids des cartables en réduisant le poids des manuels scolaires. « Le poids va devenir un critère de sélection » (Le Figaro du 25/10, repris dans Le Canard enchaîné du 31/10) et le Ministre va « mettre en concurrence » les éditeurs sur cette base. On se demande comment, avec des manuels réduits, Nicolas Sarkozy va pouvoir mettre en œuvre sa « philosophie » éducative et notamment l’objectif qu’il se fixait dans sa Lettre aux éducateurs de « donner le maximum à chacun au lieu de se contenter de donner le minimum à tous » (p. 25).

F. R. B.

Interceptions

Le Canard enchaîné rapporte, dans son édition du 31/10, un fait étrange et inquiétant. Le préfet de l’Isère a convoqué, vendredi 26 octobre, un médecin, délégué de l’Association des médecins urgentistes (un syndicat), et lui a reproché ses échanges de mail avec Patrick Pelloux (le président de son Association) sous prétexte que ceux-ci critiquaient la politique de santé du gouvernement. Double atteinte aux libertés individuelles : interception de correspondance privée et intimidation menaçant la liberté d’expression. On peut se demander si ce Préfet fait du zèle ou s’il ne fait qu’appliquer des directives.

F. R. B.