Le Grenelle de l’environnement qui s’est achevé récemment était censé marquer le début de la « Révolution verte » en France. Il faudrait pourtant plutôt parler de « devoir de rattrapage » que de révolution, la France n’étant pas particulièrement à l’avant-garde écologique, en tout cas au niveau européen. Mais Nicolas Sarkozy a tenu à faire de ce nouveau « Grenelle » (tiens ? je croyais qu’il fallait « liquider » l’héritage de mai 68…) une réussite, au moins du point de vue médiatique. Cela a été réussi, puisqu’il a pu compter sur le soutien à la fois du récent Prix Nobel de la paix, Al Gore, et du Président de la Commission européenne (qui a cependant bien rappelé que c’était l’Union européenne qui était en pointe dans ce domaine, et non pas la France). Quoi qu’il en soit, il se peut bien qu’encore une fois ce soit beaucoup de bruit pour rien, ou pour pas grand-chose. Face au déluge de mesures annoncées, soyons précis (je renvoie au discours exact de Nicolas Sarkozy, disponible en suivant ce lien, ainsi qu’à l’analyse du site Arrêt sur images.)
- La « taxe carbone » préconisée par Nicolas Hulot ? Nicolas Sarkozy a seulement parlé de se pencher sur « la création d’une taxe climat-énergie en contrepartie d’un allégement de la taxation du travail ».
- La réduction des pesticides de moitié en 10 ans ? C’est effectivement acté par Nicolas Sarkozy, mais seulement « si possible dans les dix ans qui viennent ».
- On a repris et vu dans la phrase de Nicolas Sarkozy, « je ne veux pas créer de nouveaux sites nucléaires », sa volonté de réduire la part du nucléaire. Ce qu’on ne dit pas, c’est que les nombreux sites nucléaires existant actuellement peuvent sans problème recevoir de nouveaux réacteurs.
- Priorité au recyclage et plus de nouveaux incinérateurs ? Sauf s’il s’agit de l’«ultime recours».
- Taxe sur les poids lourds étrangers qui traversent la France ? Oui, mais seulement pour ceux qui prennent le « réseau routier non concédé » (conclusions de la table ronde sur la « mobilité et transports »), c’est-à-dire à l’exclusion des autoroutes.
- Fin des projets autoroutiers ? Oui, sauf en cas d’«intérêt local » (même table ronde).
Bref, sans vouloir réduire le « Grenelle de l’environnement » à cela, il est urgent de constater que la « Révolution verte » n’a pas vraiment eu lieu et que le chemin est encore long. Avec Nicolas Sarkozy, tout est possible, oui, mais seulement si c’est possible.
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